Précision : L’article devait s’intituler « retour sur le FIFP » ou un truc tout aussi bateau du genre. Mais dans la voiture pendant un très long trajet dans d’incroyables conditions, je repensais à ce débat que j’avais eu dans l’après-midi : pourquoi en général on a une mauvaise image des évènements afros, et pourquoi pour moi qui y vais souvent, je suis constamment déçue ?Dans les réponses, une disait « parce qu’il faut garder le maximum de l’argent des sponsors après avoir payé tous les prestataires ». Une autre camarade disait assez justement que le moins cher coûtait toujours cher. Pour moi, un voyage de deux heures dans une voiture avec assez de bagages pour ne pas voir la route, avant un voyage de quatre ou cinq heures. Pour celui qui conduit, satisfait d’avoir fait des économies, une image d’avare à jamais gravée dans mon esprit (je suis jeune encore et je compte vivre longtemps, en cas de les écrits restent) en plus du manque de respect de la manoeuvre. Oui, le moins cher paie toujours cash. Je vais donc essayer de ne pas trop dénaturer l’article puisque bien entendu je ne compte plus seulement revenir sur l’évènement…

C’est toujours compliqué pour moi d’avoir accès au meilleur des films africains. Même en ayant un pied dans Clap et en visionnant en conséquence beaucoup de films. Alors forcément, cette invitation au Festival International du Film Panafricain m’a fait plaisir pour deux raisons :

La première, il se déroule à Cannes ! J’étais vraiment en manque de mer (pensez à faire rembourser cette maladie par la Sécurité Sociale) et comme ironiquement je manque de curiosité en matière de films à moins qu’on me mette devant l’écran, toute une semaine de films allait forcément me faire du bien. (C’est ce que je croyais au moment où j’écrivais ces lignes. On est naïfs par ici et c’est bien mieux pour toute l’afro-industrie.)

Le FIFP existe depuis maintenant 16 ans. Impossible de ne pas faire le parallèle avec le grand Festival de Cannes qui se produit un mois après à quelques mètres de là. D’ailleurs l’affiche puis la sélection a été annoncée le jour du lancement du FIFP… Mais justement, les comparer rendrait la comparaison acerbe… sachant que j’ai eu la chance de faire les deux, voici simplement mon avis sur le festival :

Outre le lieu (on ne va pas se répéter quand même… : le cadre du festival est parfait, c’est aussi dû à la politique de la ville de Cannes qui est de favoriser les manifestations liées au cinéma sur son sol) la sélection est une excellente raison de faire le déplacement. Avant d’arriver nous avions déjà repéré des films au très bon synopsis. C’est par exemple le cas de Bad Luck Joe, (un film ghanéen réalisé par Ramesh Jai Gulabrai) qui faisait à l’occasion sa première française. C’est simple, Joe est un mauvais parti, sans le sou et il s’en accommodait très bien jusqu’à ce que sa copine se sépare de lui. Pour la reconquérir il n’a pas le choix, il doit changer, mais est-ce que ça vaut la peine de se retrouver impliqué dans cette sombre affaire d’enterrement et d’héritage qui secoue le pays ? Il a remporté (sans surprise) le Dikalo award du meilleur long métrage de fiction.

 

Ce sont les courts métrages qui ont eu mon coup de coeur. Casted Souls qui est un poème à propos des castes au Sénégal (mon côté malien a été touché je pense, c’est étrange parce que les castes est le seul truc que je pense respecter plus tard des nombreuses et innombrables codes de ma mère) : ici le film en entier sous titré en anglais.

 

et Flight : souvent la figure paternelle est absente dans les films surtout quand il s’agit d’un père noir, j’ai donc beaucoup aimé ce court métrage. Casted Souls  est rentré bredouille mais Kia Moses & Adrian McDonals ont obtenu le prix du meilleur court métrage de fiction pour Flight.

 

Généralement l’un des points forts de tous les festivals c’est l’ambiance… Le fait que ça se vive en collectif, qu’on y fasse de très bonnes rencontres mais c’est justement là où le bât blesse, où sont les festivaliers ?

Malgré 16 années d’existence, le FIFP est totalement inconnu dans les environs et ce malgré un bon emplacement (situé sur le boulevard de la Croisette) et un diner de gala à l’Hôtel Martinez… Lorsque je m’amusais à retirer le personnel, les bénévoles, les journalistes et les équipes des films il n’y avait personne. A tel point que qu’un jour pendant qu’on faisait une prise, des passants se sont arrêtés en nous entendant et nous ont demandé quel évènement se produisait et pourquoi elles n’en étaient pas informées  ? Très bonne question. Ce n’est pas le seul évènement qui se présente comme sélect, très compliqué d’y aller et où (sans être mauvaise) en arrivant je constate que la salle est remplie au tiers, que les habitants de la ville ne connaissent même pas l’évènement, pire encore, que c’est une réunion de connaissances – prix ou awards compris. Où est cette personne qui adore le cinéma et qui a juste envie de faire un tour par hasard au FIFP ? Je ne l’ai pas rencontrée et c’est dommage parce que les réalisateurs et acteurs qui ont fait le déplacement pour la sélection de leur film méritaient d’être vus par d’autres personnes que des journalistes ou amis de journalistes ou amis des bénévoles ou du personnel de la mairie, (vous avez compris l’idée.) Dommage, quand on sait la difficulté que c’est pour avoir accès aux productions africaines…

Même si la sélection est excellente, avec une seule salle de cinéma il est très compliqué de tout suivre et pour cause… Les séances commencent à partir de neuf heures et se terminent vers minuit ! Aucune rediffusion… Résultat à suivre les séances du soir, impossible de se lever le lendemain matin pour regarder la séance du matin. Oui, j’étais et je suis encore trop fatiguée à l’heure où j’écris ces lignes. Dommage pour les films… je me suis même demandé si le Jury avait eu le temps de tous les voir ?

Autre point noir : le fait que les projections soient mélangées : chaque long métrage est précédé d’un court ce qui fait oublier que la sélection est divisée par durée (long, court) mais aussi par le genre (fiction ou documentaire)… C’est peut-être à cause de cette organisation que certains documentaires paraissent incroyablement longs puisque juste avant il y a par exemple eu un court métrage de fiction ? Ça rend en tout cas (pour moi) le jugement plus compliqué.

A cet évènement j’ai eu le temps de penser à d’autres où je suis allée, parce que souvent le même problème se pose. Si aujourd’hui je parle du FIFP, c’est parce que l’occasion s’y prête mais malheureusement ce n’est pas le seul. Pendant ces jours j’ai réfléchi à la critique… Celle qu’on se garde de donner en se disant qu’on va descendre un frère – si même le « frère » nous respecte un tant soit peu. Peu acceptent la critique, beaucoup se réfugient derrière le manque de soutien, c’est beaucoup plus simple que de remettre en question tout le logiciel ! Je pense que beaucoup de comportements dans l’évènementiel n’ont lieu uniquement parce qu’on est entre noirs. Je crois que beaucoup comptent sur ce côté familial (que je n’ai pas, que ce soit clair) pour se permettre des choses qu’ils n’auraient jamais eu juste idée de faire avec d’autres.

Je me demande si les organisateurs savent que leurs comportements sont débattus en privé ? Est-ce qu’ils savent que parfois il suffit de s’assoir à une table pour assister à un bureau des plaintes, pour ma part, les miennes ont commencé dès mon arrivée après cinq heures de train. Après avoir pris le premier train (celui à 7 heures, avec les transports parisiens) sans aucune prise, on ne s’attend quand même pas à être accueilli par des personnes à pied encore moins à marcher 20 minutes avec nos valises et notre matériel… Encore moins à avoir un quiproquo (le clin d’oeil n’est à peine discret, promis je penserai à parler de toi un jour) sur les chambres… Je mens, on est totalement habitué aux mensonges des organisations sur l’hôtel qui se transforme en Ah mais finalement… Cette désinvolture (cherche un moyen pour ne pas dire avarice) me surprendra toujours. Cette manière de s’imaginer les partenaires / invités / clients / autres personnes comme des frères avec toute la familiarité que ça implique me sidère… Il faut soutenir et je veux bien, mais comment quand dès les premiers pas on part sur une fausse note ?

Comme je suis capable de me nourrir exclusivement de nems ou de nuggets (ça fonctionne aussi avec les crevettes et les trésors de kellogg’s), je ne fais attention qu’à deux choses : le logement et le transport. Jusque là j’ai toujours réussi à m’en sortir sur le lit qui est une exigence : je ne partage pas et je veux une chambre, je ne loge pas chez les gens, je suis encore jeune, j’ai encore une mère, (qui s’inquiète,) qui d’ailleurs va me gifler quatre fois de suite quand je vais lui raconter tout ça. C’est moi qui persiste sinon tout mon entourage déconseille. J’ai reçu le billet aller la veille du retour, ce qui veut dire quelque chose de très simple : pour l’organisateur l’enjeu avait été de trouver la meilleure affaire, chose faite, félicitations !… On tenait et on était tous prévenus qu’on revenait à nos vies Lundi, par le même moyen j’imaginais… Ah, je suis naïve ?

Quelqu’un qui s’amuse à prendre les billets la veille pour le lendemain ne peut pas penser plus sérieusement pour le retour. Ça a invoqué le prix des billets (qu’il fallait prendre à l’avance), l’impossibilité de faire partir les gens en avion (trop cher), et dans le même souffle on s’est retrouvé prévus dans un départ à 4 heures du matin direction Marseille en voiture. Avec la cérémonie de clôture qui termine à minuit cela signifie passer une nuit blanche. (je n’ai toujours pas dormi à l’heure où j’écris ces lignes.) Les valises sont prêtes, je vais rentrer énervée mais je vais rentrer. Je rigole parce qu’il n’y a que ça à faire mais la colère est sourde. Je suis sarcastique et cassante, je vais bientôt épuiser les derniers grammes de courtoisie qu’il me reste heureusement de minuit à quatre heures du matin le temps passe très vite et assez vite on est dehors, prêts au départ.

C’est en regardant l’homme jouer à Tetris avec nos bagages et tenter de placer chacun de nous cinq dans la voiture que je me suis demandé vraiment jusqu’à où peut aller l’avarice d’un homme ? Finalement je n’étais même plus indignée ; je riais. Parce qu’il s’était lui même réveillé pour nous déposer à quatre heures du matin, avec sa voiture personnelle, parce qu’il était impossible pour lui de dépenser plus d’argent pour par exemple nous louer une voiture. Parce qu’il était persuadé qu’on allait se plier comme des origamis pour l’arranger et qu’il se permettait d’être en plus impatient. Parce que les occupants de la voiture étaient eux aussi sidérés par la situation. L’autre voiture était occupée à effectuer des allers retours Cannes – Aéroport de Nice (30 minutes de route). Impossible de prendre cette voiture pour nous faire voyager dans de bonnes conditions à Marseille qui est à deux heures de route. Peut-être qu’uber était trop cher ? Quelle était cette mission digne des fins de mois des gilets jaunes ? Lorsqu’il a osé demandé si finalement nous avions vraiment besoin de nos bagages, peut-être serait-il possible de les envoyer par fret ? Je lui ai fait remarquer que le problème était autant au niveau des bagages que du nombre de passagers, que jamais quatre adultes ne pourraient rentrer à l’arrière de cette voiture, de surcroit en tenant des bagages sur leurs genoux. Ne serait-il pas possible de voyager dans des conditions sécurisantes et de louer un van ? Il a préféré demander à une personne de quitter le véhicule, j’espère d’ailleurs qu’à cette heure elle est au moins dans un train quand même.

 

Le trajet s’est fait sans aucune discussion. Pas l’envie. La paix était protégée par un silence lourd. Chacun en pensait beaucoup trop. Ça n’allait pas depuis le départ et dès le début je le sentais arriver… J’ai repris ma question et ses réponses : le manque de rigueur, de professionnalisme, la médiocrité, le non respect de l’heure, la recherche unique du bénéfice, le manque d’argent, mais aussi et surtout on y revient encore : la volonté de garder un maximum d’argent quand bien même celui ci a été alloué pour l’organisation. Cette volonté se sentait dans l’achat des billets de l’aller, dans l’hébergement (une amie à lui qui a des appartements), dans les repas (préparés en gros pour tout le monde, par on ne sait qui), dans le retour comme je vous raconte mais aussi dans toute l’organisation du festival. Quand on sait que des personnes sont reparties à Paris en bus, il y a de quoi se demander si cet évènement est vide car il est inconnu où si chaque année il dégoûte les personnes qu’il est parvenu à attirer ?

Je ne suis malheureusement pas la personne à inviter pour un avis plus que positif, il est très compliqué pour moi de mentir par simple sororité noire. Comme souvent l’organisation est le point noir de cet évènement et il est bien difficile de passer outre quand partout elle est un problème. Je ne regrette pas d’avoir eu la chance de regarder tous ces films mais j’espère que pour sa 17e édition le festival fera peut-être un peu plus professionnel et qu’il sortira de cette organisation d’anniversaire saupoudré d’amateurisme et d’impolitesse que j’ai eu à voir. En tout cas, ce n’est pas sur moi qu’il faudra compter pour vérifier si oui ou non c’est le cas !

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