… Et vous aussi vous allez le regarder. Aucune excuses. Le documentaire signé Elie Seonnet est disponible ici. J’ai suivi Flora pendant toute son enquête sur son rapport au wax qui est aussi le mien. De ce tissu que ma mère portait mais qui ne sortait pas de la maison car mal considéré, à sa revalorisation, à l’indigestion finalement … Est-ce qu’on allait pas tout droit vers une overdose ? Quid de la créativité de la horde d’autoentrepreneurs ? Et enfin, le renouveau.
S’affranchir du tissu. Maureen Ayité (Nanawax) qui nous explique le tiraillement entre préservation du bogolan, historique mais inconfortable (ça tient vraiment chaud…) dont elle fait imprimer les motifs sur de la soie et du coton. Les vêtements d’Elie Kuame qui sont finalement plus l’histoire des femmes qui produisent le faso denfani que sa propre histoire. A Paris, Maison Château Rouge qui est un peu comme moi… entre deux chaises. Le secret de son succès. Entre temps, on suit la marque Adama Paris lors de son magnifique défilé et nous nous rendons compte que si nous courons après les trains c’est bien pour rattraper notre retard. L’Afrique en a terminé avec le wax et il est maintenant assez rare de ne voir que ça dans les défilés.
Ce qui me fait personnellement plaisir, car il n’y a pas que ce tissu là et ce n’est pas parce qu’on est Africain qu’on doit se cantonner uniquement à des tissus qui proviennent du continent ;). Créer de nouveaux modèles, s’imposer… Il est bon (et salutaire) de rappeler que l’Afrique ne nous attendait pas niveau mode. On avait de grand noms, des événements bien organisés depuis une bonne dizaine d’années, et ça continue. J’aime les découvrir et savoir ce que le créateur a dans la tête, pourquoi prendre un tissu qui est associé à la pauvreté, pourquoi s’entêter à produire un festival dans le désert, pourquoi utiliser des cheveux ou des pailles de fer ? C’est de l’art et c’est ce que j’aime voir au quotidien. Le toupet des créateurs, l’histoire derrière la marque.
A la fin toujours la même réaction : Dans ce documentaire Flora et ses invités font le pont entre cette Afrique culturelle qu’on ne connaît pas ou trop peu. C’est beau et grand mais la plupart des événements passent à nos yeux inaperçus et pourtant ils mériteraient de l’être. Ces « repats » se promènent dans les rues de la ville (leur ville), investissent les lieux et au passage me donnent la nostalgie de Bamako (ah c’était pas dans le docu ? Pas mon problème). Ils se chargent aussi de montrer l’importance de la création : quand vous achetez chez un créateur, vous achetez l’histoire de beaucoup de personnes, à commencer par les petites mains de celle qui a conçu le tissu. Et dans cette ère où plagier c’est être créatif il est bon de s’en souvenir.