J’ai connu une jeune femme qui avait un copain, elle l’aimait et lui aussi – elle pensait. Un jour, elle l’a rejoint à l’endroit où ils se rencontraient sauf que cette fois-ci ils étaient plusieurs et il l’a menacé : soit elle avait des relations sexuelles avec eux, soit ils diraient que c’était une pute. Elle avait un grand frère qui la frappait assez souvent, vous imaginez, c’était sa petite soeur, sa propriété – irréel qu’elle lui fasse honte… alors elle s’est exécutée et à partir de là ce fut l’enfer, elle recevait des messages de n’importe qui la menaçant, ça ne s’arrêtait pas.

Je veux parler aujourd’hui de la peur du mot en P, un mot qui a caché bien des faits en V, d’ailleurs.

J’avais trois ans de plus que cette petite et même si je lui ai conseillé, je ne pense pas qu’elle ait porté plainte – parce qu’une plainte ça veut dire les parents au courant et ses parents avaient laissé son éducation à son frère. Il la tabassait déjà quand elle rentrait à 16h50 au lieu de 16h30, il pourrait la tuer s’il apprenait qu’elle avait été violée. D’ailleurs, se faire violer si vous êtes en couple est une mauvaise idée, là encore, une histoire de possession malsaine que les hommes gagneraient à faire régler.

La peur de la réPutation, du mot en P donc fait parfois prendre de mauvaises décisions et de très vives et il faut des adultes compréhensifs et parfois combatifs, les femmes qui n’ont pas de grand frère apprennent très vite à faire peur – Je me souviens de cet homme qui voulait directement sonner à ma porte et rester dans le hall, espérant que mon père (machette man, qu’on l’appelait dans le quartier – en bon papa antillais, mon père n’a jamais reconnu l’existence du statut de petit-ami) s’énerve contre moi, là encore, la possession masculine. Je lui avais dit « bien, j’espère que tu vas apprécier quand mon père va gotcha ton crâne » – parole performative et prémonitoire puisque 6 ans plus tard, toute ma famille est descendue chez lui après qu’il ait tenté d’agresser ma petite sœur.

A défaut de grand frère, on a des copains qui prennent naturellement ce rôle de protecteur. Ils te raccompagnent, ils viennent te chercher, ils forment un rempart contre les personnes qui pourraient essayer de te nuire et des petits copains qui tentent de le prendre. Là encore, mauvaise idée, un petit ami peut devenir un ex et un ex est rarement pacifique. Tes potes, tout en étant très protecteur avec toi peuvent adopter des comportements de prédateur. Finalement, tu es seule face à ça, puisque même tes amies au féminin préfèrent se distancer plutôt qu’avoir une réputation par procuration, on l’a dit, il en faut des P pour qu’il y ait des femmes bien !

Et c’est là que débute le plus dur, tu peux te libérer des injonctions mais libérer l’homme qui va partager ta vie (que tu ne connais peut-être pas encore) ainsi que ton entourage, c’est une autre paire de manches.

Appelez ça un plaidoyer pour le consentement,

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